L’humidité ronge le parc immobilier, on estime qu’un bien sur cinq est aujourd’hui touché. Avec tous les maux que cela suggère. Aucun diag humidité à ce jour, malgré des propositions récurrentes, mais les conclusions des diagnostics fournissent quelques éléments précieux.
S’il fallait dresser un palmarès des défauts du logement, l’humidité arriverait en pôle position. Dans une enquête sur le logement en 2015, l’Insee estimait que 20% du parc témoignait d’un taux d’humidité supérieur à 60% au lieu des 40-60% recommandés. Avec tout ce que cela entraîne en matière de santé pour les occupants : qualité de l’air détériorée, moisissures et autres champignons, allergies, acariens, pathologies respiratoires, asthme en tête… Un rapport de l’Anses de 2016 évoquait même d’éventuelles conséquences neurologiques et psychologiques !
Rénovation, neuf, ancien, aucun logement épargné
Ça vaut pour les logements anciens, ça vaut aussi pour les logements rénovés. Le mieux est parfois l’ennemi du bien, en sur-isolant un bâtiment pour éviter les déperditions énergétiques, on néglige parfois (pour ne pas dire souvent) le renouvellement d’air et la ventilation. Le neuf n’est pas épargné, puisque les délais de chantiers ne permettent pas toujours de laisser les matériaux sécher correctement. Et comme la ventilation n’est pas opérationnelle immédiatement, les moisissures ont le temps de se développer.
Le mal est bien connu, tout comme ses conséquences sur la santé des occupants, mais la réglementation ne s’est pas encore penchée vraiment sur le sujet. Pourtant, des parlementaires ou des organismes -à l’instar de l’Anses en 2016- reviennent régulièrement à la charge pour réclamer tantôt un diagnostic humidité et moisissures, tantôt un contrôle périodique de la ventilation. Rien n’y fait. Le ministère campe sur sa position : l’humidité d’un bâtiment n’est pas intrinsèque ni à un climat, ni à un type constructif, elle apparaît à la suite de défauts d’entretien ou d’erreurs de conception.
Diagnostics à la rescousse
Puisque l’humidité n’est pas forcément apparente, alors comment savoir si un bien est humide ? En attendant, peut-être un jour, un diagnostic spécifique, l’acquéreur dispose déjà de précieux indices à travers les diagnostics réglementaires existants. En tête, les états parasitaires et les termites puisque ces parasites du bois affectionnent plus que tout l’humidité. Pas d’infestation sans humidité !
Le Crep (Constat de risque d’exposition au plomb) peut aussi renseigner. Dans sa mission, l’opérateur ne se contente pas de repérer le plomb de peintures et autres revêtements, il est aussi chargé d’identifier des « facteurs de dégradation du bâti » parmi lesquels, la présence dans une pièce de « moisissures ou de nombreuses tâches d’humidité ».
Enfin, le DPE. S’il renseigne sur la présence d’une ventilation et son type (naturelle, VMC simple flux, double flux…), il ne permet pas à lui seul de savoir si cette ventilation est suffisamment efficace, faute d’en mesurer le débit. Car c’est aussi une réalité du parc, la présence d’une VMC n’a rien d’une garantie absolue contre l’humidité, encore faut-il que celle-ci soit correctement dimensionnée. Malheureusement, c’est loin, très loin, d’être le cas, même dans le neuf.
12 Mars 2021