Avec le nouveau DPE, sa nouvelle méthode et des classes énergétiques revues et corrigées, de nombreux logements verront leur étiquette évoluer au 1er juillet 2021. Sans pourtant avoir effectué de quelconques travaux.
Le même logement, les mêmes données (ou presque) entrées par le diagnostiqueur, mais un résultat différent. Entre l’actuel DPE et le nouveau, l’estimation des consommations énergétiques évolue.
Une première explication tient à la refonte de la méthode de calcul. Car si les données d’entrées restent quasiment les mêmes, derrière le ministère a modifié de nombreux paramètres. Deux exemples parmi d’autres :
- l’introduction de deux usages supplémentaires (éclairage, et auxiliaires tels que la ventilation) qui devrait gonfler les consommations énergétiques ;
- un coefficient d’énergie primaire (CEP) qui pénalise moins le chauffage électrique dans le logement (2,3 contre 2,58).
Nouveaux curseurs
Deuxième explication, le gouvernement ne touche pas seulement à la méthode de calcul, il bouge aussi sensiblement les curseurs des classes énergétiques.
Par exemple, la classe G qui démarrait à 450 KwhEp/m².an est ramenée à 420 KwhEp/m².an à compter du 1er juillet 2021. Idem à l’autre extrémité de l’échelle énergétique, avec des étiquettes A, B et C élargies : un bien sera classé en C dès lors que sa consommation se révèle inférieure à 180 KwhEp/m².an contre 150 KwhEp/m².an à l’heure actuelle. Autrement dit, avec une même consommation énergétique, un logement n’aura plus forcément la même étiquette.
Le ministère de la Transition écologique s’est livré à de savantissimes calculs, pour estimer l’ampleur de ces mouvements. Prenons une classe C par exemple, quatre logements sur dix seront promus en B ou rétrogradés en D. Pour les logements en E, F ou G, ce jeu de chaises musicales ne sera pas sans conséquences au regard des différentes mesures annoncées pour les passoires énergétiques (F et G).
Vases communicants
Toujours selon les précieuses estimations ministérielles, 800 000 logements risquent ainsi de basculer de la classe F vers la classe E, tandis que 800 000 autres aujourd’hui suivront le chemin inverse. « Ces logements qui entrent dans la catégorie des passoires énergétiques avec la refonte du DPE sont principalement des logements aujourd’hui chauffés au fioul (environ 600 000) et dans une moindre mesure des logements chauffés au gaz (environ 200 000). En sens inverse, environ 600 000 logements chauffés à l’électricité et 200 000 logements chauffés au bois ne seront plus considérés comme des passoires énergétiques », explique le ministère dans la présentation du nouveau DPE.
Si l’on en croit les pouvoirs publics, ces changements de classes énergétiques entre ancien et nouveau DPE devraient cependant se limiter à une classe, « sauf cas exceptionnel ». On pense notamment aux DPE réalisés selon la méthode sur factures (dans le collectif ou le bâti d’avant 1949) pour lesquels le gain ou la perte de classes risque parfois de se révéler bien plus grand. Car cette méthode condamnée à disparaître au 1er juillet repose sur le comportement des occupants, quand la nouvelle méthode de calcul, elle, est uniquement basée sur les performances intrinsèques du bien.
14 Avril 2021